« ici » à Paris : non à un projet de renoncement
Ici Paris/Ile-de-France ne disparaît pas, la rédaction de la station parisienne ne disparaît pas sur le papier, mais c’est tout comme, au vu du projet kamikaze porté par la direction. Elle veut fusionner les équipes parisiennes avec celles de la tête de réseau et siphonner la rédaction de Paris en lui supprimant tous ses reporters, pour renforcer les équipes du numérique et créer un (minuscule) service de reportage en renfort des locales.
Sur le plan éditorial, alors qu’ici vient encore de perdre 400 000 auditeurs, la direction prend un risque considérable, inédit, et forcément hasardeux : elle renonce au local et à l’actualité du territoire, pour faire d’Ici Pidf une station atypique – la direction parle de « vitrine ».
Dans ses journaux, on ne racontera guère plus ce qui se passe dans cet immense bassin de vie, mais à l’autre bout de la France. Les rendez-vous d’info seront une sorte de pot-pourri de reportages des 43 locales restantes… parce que les habitants de ce territoire n’auraient pas d’identité propre et que beaucoup viendraient d’ailleurs et seraient davantage intéressés par ce qui se passe dans leur région d’origine ! Une hypothèse qui ignore que l’essentiel de la population francilienne vit hors de Paris intra-muros, et que la direction ne justifie par aucune étude.
Ce projet éditorial s’accompagne d’une stratégie RH elle aussi unique et assez illisible. Alors qu’une des difficultés de la tête de réseau est de compter surtout des chefs, le nouvel ensemble va confirmer cela, avec 7 rédacteurs en chef (dont un sera même chef des infos, nouvel échelon créé dans le réseau) pour diriger… 10 personnes. C’est un très mauvais signal envoyé aux locales, alors qu’elles sont souvent en peine de trouver des RC.
Un projet à revoir
Personne ne conteste que les équipes d’ici à Paris ont besoin de réponses et de projets. Elles sont en souffrance depuis des années, largement à cause des suppressions de postes successives : par exemple 7 des 8 postes de RER ont déjà disparu. Ce n’est certainement pas en orchestrant la disparition des missions auxquelles elles croient le plus qu’on les remotivera.
Pour le SNJ, la direction doit revoir son projet. Le réexpliquer sans l’amender ne suffira pas. Nous exigeons par ailleurs un accompagnement réel et de long terme des personnels concernés, pour que chacun trouve sa place dans le projet. La direction doit utiliser tous les leviers et constituer une équipe RH dédiée pour imaginer des solutions individuelles, en jouant sur des mutations en cascades, les transferts vers d’autres chaines, des programmes de formation ambitieux… et au final, si ça ne fonctionne pas, sur des surnombres. Le volontariat doit être réel. Radio France l’a fait lors de la RCC, France Bleu l’a fait pour la fermeture des micro-locales, les journalistes d’Ici Paris Idf et de la Tête de réseau doivent avoir droit aux mêmes égards.
La direction doit aussi apporter des réponses précises, et non à géométrie variable d’une personne à l’autre, sur son projet pour les postes de présentation, majoritaires dans le nouvel ensemble. Des postes dont les charges de travail évolueraient et que la direction imagine à cheval entre l’antenne et, certains jours, le service web. Il reste à démontrer que cette organisation, ainsi que la création d’un service de reportage à deux reporters, soient possibles et acceptables.
Le réseau ici ne pourra pas relancer ses audiences parisiennes et celles du réseau, sans des équipes rassurées, correctement dimensionnées et motivées par un vrai projet de conquête.
