Edition visuelle des matinales filmées : Radio France doit assumer
Ils et elles sont désormais 31. Trente-et-un journalistes éditeurs visuels qui, chaque matin, assurent la mise en image des matinales filmées de France Bleu. Ils sont là dans nos rédactions, sans être vraiment là car ils ne sont pas salariés de Radio France. Leur employeur c’est Eden Press, une boite de production choisie par Radio France dans le cadre d’un appel d’offres.
Et ces éditeurs visuels, qui signent des CDD d’Usage (CDDU) à chaque saison – sans congés, sans prime de précarité, sans prime de matinale, avec des salaires au rabais – Eden Press doit trouver qu’ils coûtent encore trop cher. Car il vient de signifier à trois ou quatre d’entre eux que pour eux c’est la fin de l’aventure. Et dix autres ont appris que leur tour viendrait dès le mois de juin de l’année prochaine, au bout de trois ans à ce poste.
Trois ans et puis au revoir !
Eden tente d’habiller la chose en expliquant, sans rire, qu’elle craint une « routine » chez ses éditeurs visuels, de la « lassitude » voire de « l’ennui ». Ce serait donc pour les préserver qu’elle entend les remercier. Et tant pis si certains souhaitent continuer. C’est désormais la règle, non écrite au départ. Si bien que certains éditeurs ayant laissé passer des postes ailleurs ou même renoncé à un CDI se retrouvent sans solutions.
C’est inacceptable pour les journalistes des rédactions de France Bleu concernées. Le SNJ demande donc à Radio France d’user de son pouvoir de donneur d’ordre pour qu’Eden Press renonce et conserve tous les éditeurs visuels qui le souhaitent et qui donnent entière satisfaction.
Une entreprise de service public ?
Radio France ne peut travailler sur l’amélioration du sort de ses propres CDDU (cachetiers, réalisateurs, attachés de production…) et dans le même temps fermer les yeux devant les agissements de son sous-traitant qui se comporte comme le pire des employeurs. C’est, pour le SNJ, une situation incompatible avec les grandes théories sur la responsabilité sociétale de l’entreprise de Radio France.
Au lancement des matinales filmées, nous avions demandé que ces éditeurs soient embauchés par Radio France, en CDI ou que des journalistes de la maison – notamment des planneurs- soient formés à l’éditions visuelle. Mais la direction a préféré contourner le problème en faisant appel à Eden. Notamment car l’utilisation du CDDU comme contrat de travail d’un journaliste est impossible légalement en radio.
Aujourd’hui la situation est claire : soit Radio France fait entendre raison à Eden Press, soit le SNJ l’y aidera en mobilisant les rédactions concernées avec une vague de retrait de droit à l’image de façon à bloquer les matinales filmées.
Et si Radio France et Eden persistent, avec la complicité de France Télévisions, le SNJ sera aux côtés des éditeurs visuels qui décideraient de saisir la justice pour que Radio France assume. Ils recevront tout le soutien juridique utile à leur démarche.