Forfait jours : le SNJ refuse cette arnaque et quitte la négociation
Depuis des mois, le SNJ participe activement à la négociation sur le forfait jours. Malgré nos doutes, exprimés d’entrée de jeu, nous avons tenté de voir ce que ce projet pourrait éventuellement apporter aux journalistes, et ce que la direction avait en tête.
Ses propositions ne comportent que des reculs. C’est pourquoi le SNJ décide de quitter cette négociation, désormais sans intérêt pour les journalistes de Radio France. Il serait dangereux de fragiliser l’accord d’entreprise (NAC), particulièrement au moment où l’État envisage à la fois de regrouper les entreprises de l’audiovisuel public et d’augmenter le temps de travail (perte de jours fériés et autres…) et où France Télévisions dénonce son accord d’entreprise.
Dix jours de vacances perdus
Le premier tour de passe-passe dans ce projet est de mélanger deux sujets qui n’ont en fait rien à voir : le forfait jours et les congés. Le forfait jours, c’est simplement arrêter de parler en heures de travail. Cela signifie notamment la disparition des heures de nuit occasionnelles ; un forfait à la place des heures majorées des matinaliers et des sportifs, à des conditions parfois très éloignées d’aujourd’hui. Ne plus compter les heures — dans des limites légales à contrôler — c’est de la souplesse pour l’entreprise, et cela a été compensé, dans les autres entreprises de l’audiovisuel public qui ont mis en place ce dispositif, par une augmentation de salaire.
Mais Radio France voulait surtout réduire les congés, en prévoyant 207 jours de travail annuels au lieu de 197 aujourd’hui. Soit plus de 5% de jours de travail en plus.
En échange de tout cela, l’entreprise propose… 4% d’augmentation de salaire. Un niveau tellement indigne qu’il se passe de commentaires.
Après la réforme-entourloupe du CET, dont nous n’oublions pas que les économies n’ont pas été redistribuées aux salariés, contrairement aux promesses, l’entreprise cherche à nouveau à nous faire les poches.
Les CDD en première ligne
Et en prime, elle compte sur la baisse du besoin de CDD journalistes – plus de 30 ETP par an, selon nos estimations – pour faire, là aussi, des économies. Les jeunes journalistes seraient donc les principaux perdants : moins de travail pour eux et le forfait jours imposé à leur signature de CDI.
Nous savons bien que cette négociation visait largement à répondre aux critiques répétées (parfois jusqu’au fantasme) de la Cour des comptes et de certains parlementaires sur nos congés. Nous rappellerons donc encore et encore que les trois semaines de congés divers sont la seule compensation pour que tous les jours fériés et tous les dimanches soient traités comme des jours ouvrables. Le travail ces jours-là n’est ni payé plus, ni récupéré. Le système actuel est un modèle de souplesse et de donnant-donnant.
Le SNJ se battra contre toute tentative de faire payer par les salariés l’étranglement financier de l’entreprise par la tutelle (qui est une réalité), et contre tout discours tentant de faire passer les journalistes pour des nantis.
