NAO 2023 : une signature amère
C’est sans enthousiasme que le SNJ Radio France a signé l’accord sur la NAO 2023. Il prend acte de l’augmentation de 100 euros nets par mois proposée par la direction, une première depuis douze ans. La formule privilégie les salaires les plus bas, y compris chez les journalistes.
Même si elle sera la bienvenue pour le plus grand nombre, cette revalorisation salariale ne peut nous satisfaire. D’abord parce que qu’elle est loin de couvrir l’inflation pour la majorité des salariés. Elle ne représente que 3,8% pour le salaire médian de l’entreprise, soit moitié moins que l’inflation.
Ensuite cette mesure ne concerne pas tous les salariés de Radio France, ce qu’aurait permis un dispositif plus progressif. Renforcer le coup de pouce sur les plus bas salaires n’empêchait pas de faire un geste pour les rémunérations les plus élevées. La baisse de pouvoir d’achat c’est pour tout le monde ! Deux journalistes sur dix ne toucheront rien, car leur salaire annuel brut dépasse les 70 000 euros. Remonter ce plafond à 75 000 euros aurait permis d’être plus juste, mais la direction et toutes les autres organisations syndicales ont refusé cette demande du SNJ.
Rien pour 2022
Les mesures de cette Nao s’appliquent à 2023, mais nous n’aurons rien en 2022, au contraire de qui se fait dans d’autres entreprises, y compris publiques. C’est pourtant bien en 2022 que l’inflation atteint des sommets. La direction avait tout un panel de solutions possibles pour répondre à ce défi. Il y avait la possibilité d’une « prime Macron » ou encore d’une monétisation exceptionnelle des RTT, avec défiscalisation pour les salariés. Mais la DRH a écarté nos propositions et a insisté pour que nous prenions nos jours de repos. L’argument est louable, mais il fait sourire : le budget de remplacement étant insuffisant pour nous permettre de prendre tous nos jours.
Pour les pigistes, l’augmentation est de 7%. Mais après trois années sans aucun coup de pouce, cette hausse ne rattrape pas non plus l’inflation. Et le SNJ a dû se battre pour que les pigistes à l’étranger puissent en bénéficier alors que la direction voulait les exclure.
Enfin, si cette NAO est amère, c’est aussi parce nous ne toucherons pas de prime d’intéressement cette année car les comptes 2022 de Radio France seront (légèrement) dans le rouge. Au final, l’équation de cette NAO est donc : 1 560 euros bruts annuels en plus d’un côté pour une majorité de journalistes, mais 500 euros bruts non versés de l’autre pour tous.