ICI ou la mort annoncée de France Bleu… et de ses radios ?
Ce sera le lundi 26 aout : avec la rentrée radiophonique, le nom France Bleu -qui a si péniblement fini par s’installer- disparaîtra au profit d’ICI. Sans y croire vraiment, la direction assure que ce sera une renaissance. Nous ne pouvons nous empêcher d’y voir un enterrement, le début de la fin de la radio de proximité, au profit de la télévision.
France Télévisions accepte désormais de faire disparaitre le nom France 3 au profit d’ICI, mais la télévision ne lancera pas cette marque avant le 9 septembre, après les Jeux paralympiques. A 15 jours près, on aurait pu faire une campagne de lancement commune. La marque unique en ordre dispersé : pour un début, ça commence mal!
Un pari trop risqué, une bascule improvisée
Ce changement de nom est un risque colossal. Après avoir envisagé une transition sur plusieurs saisons, la direction a annoncé qu’ICI apparaitrait sur nos antennes au printemps. Cette précipitation est dangereuse et irresponsable : comment donner une notoriété à cette nouvelle marque avant la fin août ? Comment éviter que le changement de nom entraîne un plongeon des audiences, dont nous n’avons vraiment pas besoin ? Même si la direction y met des moyens financiers importants, grâce à la part variable du budget de Radio France (15 millions d’euros en 2024), nous allons nous heurter au principe de réalité. A six mois de l’échéance, rien – absolument rien du tout – n’est prêt ou même vraiment lancé.
A l’heure qu’il est, Radio France et France 3 doivent encore choisir l’agence de communication chargée de la campagne du changement de nom. Pour le site internet, bien que la direction assure que tout sera prêt à temps, l’URL ici.fr est toujours la propriété d’un garage automobile nordiste. Acceptera-t-il de vendre, et si non quel est le plan B ? Tous les décors des studios, les enseignes, les logos de véhicules et des micros, les siglages pour les extérieurs doivent être changés pour la rentrée. Au lendemain d’une période de vacances marquée de surcroit par les Jeux olympiques ? Ce niveau de précipitation n’est pas sérieux, mais la blague ne fait rire personne.
Changement de nom, mais aussi de projet
A ce changement brutal d’identité, France Bleu imagine ajouter un changement radical de paradigme en matinale, en réintroduisant des flashes nationaux (sur tapis ! ) à la demi-heure, ce qui, quoi qu’en dise la direction, renvoie l’image de radios locales qui le seront moins. Comme les équipes de France Bleu Picardie, nous alertons sur l’incompréhension à propos de ce projet, mais la direction ne l’entend pas.
Et ce risque, la direction du réseau le prend au moment même où les sondages commencent à frémir. C’est totalement incohérent ! Ces dernières années ont laissé aux équipes le sentiment d’une opération de casse du réseau, rien aujourd’hui n’est en mesure de leur faire penser le contraire. Surtout face à France Télévisions dont la présidente dit clairement qu’elle veut une gouvernance commune –comprenez unique- pour ICI (et aussi pour France Info), et se rêve en grande patronne de la holding ou de la fusion, qui refont surface dans le débat politique autour de l’audiovisuel public.
Pour les équipes, tous les signaux concourent à penser que la radio court à sa perte.
Pour le public, ICI sera une chaine de télévision, et rien d’autre.
Nous ne laisserons pas ICI enterrer la radio de service public de proximité !