Fusion des rédactions : Ici, c’était Paris
Il convient désormais de parler au passé. Après en avoir informé le CSE France Bleu, la direction acte la disparition de la rédaction d’ICI à Paris et en Ile-de-France. Elle joue sur les mots, mais c’est bien une disparition, car est-ce toujours une rédaction locale, comme le sont les 43 autres, quand il n’y a plus de reporter sur le terrain ? Tout comme elle crée avec Mouv’ le concept de radio sans émetteur et sans programme, la direction de Radio France invente la rédaction sans reporter, une sorte de robinet non pas à musique, mais à infos… qui viennent donc d’ailleurs, et tant pis pour la proximité.
Ce désengagement majeur, qui nous inquiète pour l’avenir des autres radios locales du réseau, est le terme d’un long processus de recul de la proximité dans cette station, avec la fermeture des RER qui permettaient de couvrir la très grande majorité des départements d’Ile-de-France. Curieuse manière d’espérer conquérir des auditeurs ! Rappelons-nous qu’en 2013, le record d’audience du réseau à 8 points, le double d’aujourd’hui, l’antenne parisienne frôlait les deux points, le triple d’aujourd’hui, grâce notamment à une couverture des couronnes parisienne assurée par des RER dans tous les départements.
Mal-être des équipes
Ce projet prétend répondre au constat – partagé – que les équipes des deux rédactions parisiennes d’ICI ne vont pas bien depuis des années. Mais vu les désengagements successifs des directions à leurs côtés, on le comprend. En quoi cette fusion serait-elle la solution ? Nous avons de sérieux doutes, car si des postes ont été proposés à chacun, rien n’est fait pour redonner du sens à leurs missions. Par ailleurs, tout semble reposer sur un chef des infos et donc sur une personnalité ; c’est un pari très risqué. Cette fusion supprime les reporters, tout en maintenant presque autant de postes d’encadrement.
À côté de cette fusion, la direction crée un service de reportage, doté de deux journalistes pour venir renforcer temporairement les rédactions soumises à une très forte actualité comme des catastrophes naturelles ou des grands procès. Cette idée pose de nombreuses questions sur son application concrète. Pourquoi ne pas avoir ouvert ces missions à l’ensemble du réseau pour des journalistes volontaires pour de courtes périodes de renforts ? Ceux qui ont été mobilisés sur M’Toulouse savent que c’est une expérience enrichissante. C’est en fait tout le sujet des mobilités temporaires des équipes de Bleu, dans le réseau, qui est posé.
Opacité sur le numérique
Mais le but ultime de ce projet est de récupérer des postes pour en créer quatre de plus au numérique et arriver à trois journalistes coordinateurs par territoire. Cette décision engendre, elle aussi, de nouveaux problèmes et des questions, sur l’organisation du service élargi, l’articulation avec les stations notamment en matinale, et le fait qu’aucun de ces quatre postes n’a été ouvert à consultation.
On voit mal comment ce grand mécano améliorera le quotidien pour les journalistes parisiens du réseau, et l’offre proposée aux auditeurs.
