Audiovisuel public : non à la fusion des rédactions, non à la disparition de la radio
Alors que le préavis de grève en lien avec le projet de rédaction transverse SSE vient à peine d’être levé, alors que le projet stratégique de Radio France vient tout juste d’être présenté aux salariés, l’encre n’est pas encore sèche et c’est le moment que choisit la Présidente pour lancer une offensive inédite en vue d’accélérer les rapprochements avec France Télévisions.
Nous avions bien compris qu’elle préférait parler de “holding” plutôt que de “fusion”, mais les annonces conjointes faites ces dernières heures vont bien au-delà.
Deux directeurs de projet
Un directeur de projet est ainsi officiellement nommé pour « renforcer l’intégration » de la radio France Info, de la télé et le site web, qui dépendent pourtant d’entreprises distinctes. En parallèle, un autre directeur de projet est chargé d’orchestrer un «approfondissement » du rapprochement entre France Bleu et France 3 au travers de la marque commune « Ici ». Leurs missions posent un énorme problème !
Pour France Info, cette direction – confiée à Jean-Philippe Baille – pourra en effet « aller jusqu’à regrouper des journalistes radio, télé et web dans un même lieu ». Radio France serait d’ailleurs déjà en train de chercher des espaces pour accueillir ces nouveaux venus. Il est aussi question de partager des chroniqueurs entre les antennes radio et télévision. Le changement est radical, alors qu’il y a encore quelques semaines, France Télévisions contraignait France Info (la radio) à abandonner le projet de petite matinale filmée en refusant d’en assumer les coûts.
A France Bleu, le directeur de projet (Xavier Riboulet, de France 3) aura pour mission de déployer la marque “Ici” et d’activer le site commun… d’ici le mois de septembre. A plus long terme, il devra travailler sur des « coopérations éditoriales » et sur la mise en place d’une gouvernance commune à France 3 et France Bleu au niveau des territoires. Et la couleur est clairement annoncée : ce sera un « responsable unique ». Même si la direction prend des pincettes en parlant de respect de chaque média, elle ouvre la porte au pire : une fusion déguisée.
La radio doit vivre !
Pour le SNJ, ce plan est inacceptable, car il signifie le début de la fin pour Radio France, un pas de plus vers l’absorption de la radio et sa progressive disparition au profit de la télévision. Un pas de plus vers une “newsroom”, une rédaction sans identité, ce que le SNJ a toujours combattu et combattra toujours.
Radio France réalise d’excellentes audiences, aussi bien en direct qu’en réécoute, et le média radio n’est pas mort. Mais en espérant plaire aux politiques qui semblent fantasmer sur la création d’une nouvelle ORTF, la Direction prend le risque d’affaiblir nos antennes de service public. Nos auditeurs méritent plus de constance et de respect.
Le SNJ se mobilisera contre tous les projets néfastes à l’indépendance de Radio France